Ma démarche
Pourquoi choisir de devenir Boulangère herboriste, comme ça, en milieu de carrière (non, je ne vous dis pas combien il me reste avant la retraite …) ?
Moi qui ne me suis jamais connu de passion particulière et suis plutôt intellectuelle que manuelle, même si je m’appelle Emmanuelle !
D’abord, dès le collège, on nous disait que nous allions exercer plusieurs métiers dans notre vie. Ensuite, j’ai résisté longtemps au modèle du salariat qui me paraissait bien barbare avec seulement 5 semaines de congés par an.
J’ai mis du temps à trouver ma voie professionnelle et ce n’est que vers la trentaine que j’ai su que je voulais travailler dans le développement local et ai trouvé un poste dans l’Aude … allez je peux le dire avec le recul, le poste de mes rêves, malgré les écueils, mais un superbe équipage qui nous a permis tellement de belles aventures !
Ma première prise de conscience d’une bifurcation professionnelle à envisager est arrivée avec le tangage du Pays Corbières & Minervois, les remises en cause et la fragilité de ce que nous construisions ensemble malgré toute la volonté et l’énergie que nous y mettions collectivement.
J’ai commencé à chercher une voie de sortie, à explorer d’autres territoires d’activité … une journée avec une fromagère des Corbières … passionnant, mais je ne me voyais pas conduire et soigner un troupeau … et David non plus !
Je m’intéressais alors de plus en plus aux plantes et à la santé naturelle, ou de base, celle qui pousse pas loin de nos portes ou chemins de balades, celle qui a soigné, et soigne encore, tant et tant de générations, peuples, civilisations.
Je fais donc quelques stages dans les Pyrénées sur la reconnaissance et transformation des plantes, puis je tombe sur un petit article parlant de formations longues sur les plantes médicinales … un savoir ancestral à se réapproprier, à transmettre, … à découvrir pour moi.
Ni une, ni deux, je m’inscrit à la formation d’Herbaliste de l’École Lyonnaise des Plantes Médicinales et c’est parti pour une plongées dans le monde des plantes et de leurs usages.
Avec une pause d’un an suite à la naissance d’Ambroise, je boucle ma formation en 4 ans et obtiens mon certificat d’herbaliste … pas de différence de fond avec le terme herboriste, simplement un contournement de la loi qui réserve l’appellation aux pharmaciens … mais c’est en train de changer !
Me voilà herbaliste, et le Pays Corbières & Minervois tangue toujours, mais juste après la formation, ce n’est pas encore le bon moment pour me lancer.
Je pratique pour ma famille et les amis, mes petits remèdes de grand-mère et ça me va bien.
Je cueille, sèche, transforme et soigne les petits bobos … je cuisine aussi les plantes sous toutes leurs formes, j’adore ça et heureusement j’ai un compagnon aventureux de ce côté-là !
C’est l’après confinement de 2020 qui me fait prendre conscience que, malgré mes espoirs, rien ne va changer au niveau des décisions politiques et économiques. On va même vers du pire avec une accélération du monde tel qu’il ne devrait plus être, ou aller.
Alors, que faire dans tout cela ?
Comme je le pense depuis des années, partir du bas, changer ce que l’on peut changer à son niveau et créer des espaces, des bulles qui s’agrégeront et feront bientôt mousse pour induire ce que l’on souhaite voir arriver.
Et donc, à mon échelle, bifurquer, aller plus loin dans l’autonomie et le sens que je trouve dans mon travail, ne plus dépendre des technologies informatiques et revenir aux fonctions vitales de base : manger et se soigner … d’où la boulangère herboriste … eh oui !
Et pour suivre ce fil là, installation dans le Lot où la maison de la Peyrade se repose sur ses lauriers, comme une belle endormie … tout un patrimoine à valoriser : bâti, champs, forêts, … !
Nous nous installons donc à l’été 2021 et je commence ma reconversion en préparant un CAP de boulangerie obtenu en juin 2022.
